Les Rabelados (créole) ou Rebelados (portugais) est un mouvement religieux de l'intérieur de l'île de Santiago, "pays des Badius". Ce mouvement religieux prend forme dans la première moitié des années 40 du 20ème siècle, après la mort du curé (Padre Joaquim Pereira Furtado) qui travaillait dans ces régions de l'intérieur de l'île de Santiago. Ce curé, devant faire face à de nombreuses tâches, avait délégué à ce que l'on appellerait aujourd'hui des animateurs pastoraux locaux une série de tâches, ce qui leur conférait une grande liberté et autonomie. En 1941, l'évêque de Praia demande au Saint Siège et à la nonciature de Lisbonne l'envoi de prêtres pour faire face à la pénurie. Contrairement à ce qui arriva à de nombreuses reprises dans l'histoire des îles, il obtient en 1942 quinze prêtres italiens de l'ordre du Saint-Esprit, destinés aux îles de Maio et de Santiago, que les 'Rabelados' appelleront les prêtres de soutane blanche et qu'ils contrasteront avec leurs préférés pères de soutane noire ! Les 'Rabelados' accusent ces nouveaux prêtres de soutane blanche de leur imposer de nouvelles pratiques, une nouvelle catéchèse qui n'accorde pas beaucoup de crédit à leurs rites. Les 'Rabelados' sont soupçonnés d'insubordination au coeur même de l'empire portugais et plusieurs d'entre eux sont déportés dès le début des années 60 vers d'autres îles.

Dans les années 60, les 'Rabelados' refusent les campagnes de pulvérisation au DDT, quittent les maisons qui ont été pulvérisées et construisent des 'funcos' (cases rondes en pierre sèche et couvertes de fibres). Ils se soustraient aux prises de sang entreprises dans le cadre de la lutte contre la malaria. Ils refusent de collaborer avec les missions d'étude et de combat aux endémies. Ils refusent la démarcation des propriétés rurales. Ils refusent l'école, les sacrements, les registres administratifs, les médicaments, les aliments étrangers à leur production, les transports en commun. Ils refusent de s'identifier à ceux qu'ils ne connaissent pas. Ils refusent de tuer les animaux, même les insectes, créatures de Dieu. Pour eux, la femme ne peut aucunement être égale à l'homme, comme l'homme est le chef de l'Eglise ainsi en est-il de l'homme dans la famille. La polygamie existait dans le groupe de Monte Santo, "pour éviter que les femmes se marient en dehors du groupe" ... Pour eux "l'Etat, la mission et l'Eglise, c'est la même chose".


Cap-Vert
Vos di Povo. Extra 1992
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