Ce visage résonne pour moi avec le personnage d'un roman capverdien. Et pas n'importe lequel: "O escravo" - l'esclave - de Evarista D'Almeida.

Publication en 1856, racine historique de l'histoire 1835, et pourtant, la question des narratifs articulant, couleur de peau, genre, pouvoir et esclavage ne sont pas sans intérêt pour comprendre les comportements actuels! Voyez plutôt.

D'Almeida publia en 1856 le roman capverdien, 'O escravo' - L'esclave. Le héros du roman, João, est l'esclave d'une famille de mulâtres, sur l'île de Santiago. Les événements se passent en 1835. João est l'esclave de la fille de son maître pour laquelle il se meurt d'amour. Cette jeune fille 'pure', enseigne les lettres à son esclave. Au début de son roman, D'Almeida met dans la bouche de João ces mots adressés à Maria, sa maîtresse:

Vous pourriez à peine imaginer, madame, de combien de douleurs est victime mon coeur ! Vous avez développé en moi des sentiments incompatibles à la condition d'esclave - vous m'avez montré le chemin du savoir, j'y suis entré - j'ai cheminé à pas de géant, mais au beau milieu du cheminement, une voix sinistre me vocifère: "esclave" et je recule horrifié ! Vous m'avez ouvert les portes de l'entendement, mais quand je tente de lire dans le livre de mon futur, à toutes les pages, je trouve le mot 'esclave' écrit en caractères noirs, oh ! Noirs comme mon semblable ! … (D'Almeida 1989: 29-30. Je souligne)

Pauvre de moi, madame ! A quelles fins avez-vous développé mon raisonnement au point de reconnaître que l'esclave peut nourrir des sentiments héroïques ? Pourquoi m'illuminer l'intelligence de telle façon qu'elle me pousse à considérer le coeur avec une clarté bien opposée à la noirceur de mon visage?… (D'Almeida 1989: 30 - mes traductions du portugais).

João est éduqué par sa tendre maîtresse qui ignore tout de son amour. Quand elle le découvrira, elle affranchira João. L'histoire se termine sur João, libre, mourant heureux, dans les bras de Maria, recevant son baiser, transpercé de l'épée d'un prétendant blanc, un soldat - Lopes- dont Maria, la mulata, a auparavant rejeté les 'pensées impures', la 'grossiéreté' (incivilidade), condamnant la supériorité que ce blanc éprouvait envers la mulata qu'elle est, car pour elle, seule cette supériorité pouvait justifier l'empressement dont il témoigna. Elle dit à Lopes:

"Vous avez estimé que la Mulata se sentirait flattée de mériter les finesses d'un Blanc… vous vous êtes trompé: dans les veines de la Mulata coule un sang plus noble, plus pur que le vôtre" (D'Almeida 1989:46).

D'ALMEIDA, J.E.. 1989. O Escravo. Romance. (2a Edição). Praia: Instituto Caboverdiano do Livro.


Cap-Vert

Mulatinha 1990

Enfants
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