En 1991, je m'entretins avec une jeune femme de 30 ans, célibataire, vivant seule dans une chambre modeste à Praia.

De la violence des hommes - Entretien

Guy: Tu as toujours vécu seule ?

Renata: Toujours. J'ai tenté de vivre avec un homme pendant quelque temps, mais j'ai vu que cela ne marchait pas, tu vois ? Il ne te nourrit pas bien, il va prendre des cuites, vient et te rosse, il maltraite ton corps. Ça ne va pas. Je préfère rester seule ainsi, ma vie est meilleure, sans aucun homme qui me maltraite (maltrata nha korpu - litt. Maltraite le corps) parce que le problème des hommes au Cap-Vert c'est celui-là de rosser la femme (da mudjer na ku). Comme cela je ne frappe pas (ka ta da l pankada) d'homme et aucun homme ne me frappe, moi dans mon coin, lui dans le sien. Il se peut qu'il m'aime, je l'aime, nous sommes ici, nous sommes tranquilles (tranquilus), puis va ton chemin, moi je reste de mon côté. Non, c'est pas possible.
G: Pourquoi ils frappent comme cela ?
R: Eh ! Parce qu'ils sont ainsi. Les hommes au Cap-Vert aiment frapper (dadja) les femmes, ils frappent. En plus, tu vas à la police, on leur donne raison. Ils t'enferment, ça c'est ce qui arrive aux jours d'aujourd'hui. Maintenant tu sors, l'homme abuse (abusa) vraiment de la femme, mais tu vas à la police, tu n'obtiens pas justice… Les hommes de notre terre, c'est ça leur problème.
G: Violent ?
R: Yah, violent. Tu sais pourquoi la majorité des femmes se séparent des hommes, pourquoi les hommes se séparent des femmes? C'est ça ! Boire du grogue, se disputer (ranja guerra), se séparer du compagnon.

Cap-Vert

Praia. 2002. Medjor

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