Dans la plaine qui court de Chimoio jusqu'à Beira, le fameux Corridor de Beira. Voie de communication routière reliant Harare (Zimbabwe) à Beira, port au bord de l'Océan Indien. Cette route se double depuis déjà la fin du 19ème d'une ligne ferroviaire et puis d'un pipeline pétrolier. Cette voie a été l'objet d'une vigilance constante des forces armées zimbabwéennes au cours de la guerre civile pour sécuriser cette voie de communication vitale.

La plaine bordant le couloir a été déboisée, elle présente une brousse essaimée d'agglomérations, de champs et d'aires consacrées à la sylviculture d'Eucalyptus, quelques fruitiers et puis plus en aval, d'immenses champs de canne à sucre, vides. Cette impression d'ouverture et d'étendue spatiale bien rendue sur cette photographie, est indissociable de mes souvenirs de voyage au Mozambique. Ce sentiment d'enchantement conféré par la conscience de notre propre immersion dans de grands espaces peu peuplés, c'est cette impression que me semble traduire le visage de Stewart. Les espaces produisent donc des émotions.

Il y a aussi une sorte d'euphorie à voir ces quantités de bananes entassées, comme un symbole de la richesse, de la fécondité de la terre, même si plus prosaïquement, les producteurs de bananes de la région au Sud de Chimoio ont du mal à écouler leur production, trop peu de moyens de transports, trop peu de demande. Cela nous rappellera aussi que certains vocables n'ont pas toujours la même réalité référentielle selon les régions: si on parle de transport privé au Mozambique, voici le genre de véhicule et les conditions de transport, cela rappelle peu les semi-remorques d'agrumes faisant la navette entre l'Espagne et nos contrées.

Mozambique
Camion de Bananes. Chimio. 1998
Espaces
Alter-égaux