Plutôt que de payer des policiers pour garder leurs industries, des 'patrons' préfèrent employer leurs propres milices. Les hommes sachant porter le fusil ne manquent pas. Multiplication des services de sécurité privés. Le privé prend l'initiative. Je ne pourrai pas me défaire au cours de mon séjour du malaise éprouvé face à ces gardes armés. Horreur de la violence non contrôlée par l'état? Il me semble que nous Européens sommes désormais peu habitués à vivre dans des groupes soumis à divers systèmes de lois institutionnalisés coexistant, celui de l'état, celui des autorités traditionnelles, celui des esprits, celui des hommes mûrs, elders, celui des hommes armés, des riches, sans toutefois que leurs compétences soient exclusives. Plutôt, les champs de compétence de ces différentes autorités ne sont point fixées, leurs limites ne sont pas garanties.
Mozambique
Garde d'une scie mobile près de Mudododo. 1999
Hommes mûrs
Alter-égaux
Au cours de la dernière année s'est déroulé le procès de présumés responsables de l'assassinat du journaliste mozambicain indépendant Carlos Cardoso, tué par balles à Maputo en 2000.( Voir : http://archive.mg.co.za
Mail & Guardian. South African newspaper of reference. On Cardoso death. 2000). Ce procès a été un test très important pour l'imaginaire politique des Mozambicains, la question touchant au fondement même de l'état, est-ce que cet état pourrait honorer cette fonction d'assurer pour tous un droit à une justice impartiale ? La response à l'issue du procès semble affirmative dans la cas Cardoso. Mais d'autres crimes sont sur la liste. Voyez . http://www.lemonde.fr/article
Meurtre d'un journaliste à Maputo : le feuilleton politico-judiciaire continue. Le Monde. 31/1. Jordane Bertrand.

Car derrière des statistiques économiques satisfaisantes, une décentralisation qui semble en marche, bref une image publique internationale de bonne tenue, le "procès Cardoso" tout comme les forts soupçons de fraude électorale au profit du parti au pouvoir( Voir article de Psalmon dans Lusotopie ) et les violences et morts qui suivirent (A propos des morts dans les manifestations contre le résultat des élections de 1999, voir l'article du Mail & Guadian ), ont mis en exergue une image de l'état moins rutilante et surtout de ses sphères dirigeantes. D'autant que l'état est encore entaché de sa douloureuse guerre civile. Voyez à ce propos les mots d'un Angolais.


Orpailleur. Penhalonga. 1999

Il faut choisir mon fils. Il faut choisir, si tu le peux, entre la machamba et l'or, l'or et la machamba. Il est le temps de cultiver. La pluie est là. Il faut cultiver. La pluie vient bien.

Une fois "à l'or", auras-tu une bonne mine? Tes compagnons t'abuseront-ils? Tu auras froid. Ne boiras-tu pas tes sous? Vas-tu faire fortune, trouver des centaines de grammes? N'y trouveras-tu pas que des femmes de commerce qui te rendront malade?

Chacun sa technique pour trier la matière et en extraire les paillettes d'or. L'orpailleur classique lave le gravier à la batée. La goutte de mercure roule, roule, agrégeant les paillettes.